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LE OBI, UNE CEINTURE EMBLEMATIQUE !

Les motifs japonais sont tellement beaux! Un autre élément de la culture, au Pays du Soleil levant, qui exprime à merveille ce monde enchanté, si élégant, si raffiné, est le obi 帯, cette ceinture japonaise traditionnellement utilisée pour nouer kimono et yukata.

Courtisane qui se fait nouer son obi avant  de sortir, 1909

Courtisane qui se fait nouer son obi avant

de sortir, 1909

source de l’image : http://entermeus.com/58736/



Commençons par un peu d’histoire, un résumé vraiment tout en bref !


Le obi 帯 tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas un élément si ancien. En effet, ce n’est qu’à la moitié de la période d’Edo (1600-1868) 江戸時代 Edo Jidai, que cette ceinture devient un élément incontournable de l’habillement.


Mais jusqu’alors, qu’utilisaient donc les Japonais pour nouer leur kimono ? Une petite ceinture de corde tressée ou de soie souple, plus tard appelée soe-obi 紕帯 pour les femmes et kantai pour les hommes, alors qu’elle augmente en largeur à l’époque Nara (710 -794) 奈良時代 Nara Jidai . Avec l’adoption du kosode 小袖, sorte de vêtement « ancêtre » du kimono, la ceinture est coupée dans des tissus plus riches.


SOE-OBI

photo extraite du blog de JIDAIYA ARASHIYAMA KYOTO ARASHIYAMA PHOTO STUDIO

A l’époque Heian (794 -185) 平安時代 Heian Jidai, de nouvelles ceintures pour hommes firent leur apparition. Faites en cuir et décorées de pierres précieuses, on les appelait ishi-no-obi 石の帯 ou seki-tai石帯, ishi et seki étant les deux lectures du kanji pour « pierre ». Les femmes de la cour, elles, ne portaient pas d'obi avec leur jūnihitoe 十二単 , vêtement porté pour les cérémonies.

SEKI-TAI ceinture japonaise pour homme décorée de pierres

SEKI-TAI

photo extraite de la boutique SUMITAYA, spécialisée dans la fabrication de poupées

JUNIHITOE vêtement japoanis de l'époque HEIAN

JUNIHITOE

L’EPOQUE D’EDO, LE VRAI TOURNANT


C’est donc vraiment à partir de l’époque d’Edo 江戸時代 Edo Jidai que l’art du obi va se développer et prendre toute son ampleur créatrice avec moult innovations!


Alors que seul les femmes de samuraï continuaient de porter le kosode 小袖 (sorte de vêtement « ancêtre » du kimono comme dit précédemment), noué par cette ceinture plus informelle, les femmes, sous l’influence de la cour, des courtisanes et du monde du spectacle, se mirent à expérimenter une forme de kimono plus élaborée, le furisode 振袖, souvent vu sur les scènes de Kabuki 歌舞伎, retenu par une ceinture obi plus large, nouée sans trop serrer, le plus souvent sur le devant. Mais, au fur et à mesure que le obi prenait de la largeur, les artisans tisserands et teinturiers se voyaient confier la tâche de réaliser des ceintures de plus en plus élaborées. Notons aussi que les acteurs de Kabuki ont beaucoup influencé la naissance des types de nœuds pour nouer le obi. Les stylistes de l’époque, suivant leur désir de création débordant, mettaient tout leur talent dans des ceintures plus longues, plus larges dont les mesures se virent standardiser à 360cm de long et 30cm de large et le port du nœud dans le dos. On dit que c’est vers la moitié des années 1700 que le nœud dans le dos devint la norme, quand un acteur de kabuki, imitant une jeune fille ordinaire, apparut sur scène avec son obi noué ainsi. On imagine aisément combien il était inconfortable d’avoir le plus gros du obi sur le devant pour accomplir les tâches du quotidien.

Femme de haut rang portant un kosode 小袖 à l'ère Keichō 慶長時代 Keichō Jidai (du mois d'octobre 1596 au mois de juillet 1615) photos extraites du site Internet du Musée du Costume http://www.iz2.or.jp/fukushoku/f_disp.php?page_no=0000113


A cette époque, le obi avait aussi une fonction nettement plus sociale : celle de déterminer le rang des membres de sa société. Comment ? De par les matières, la largeur et la façon de nouer le obi, on pouvait identifier le statut et l’âge de son ou sa propriétaire. Par exemple, le nœud était noué sur le devant pour les femmes mariées, mais dans le dos pour les jeunes femmes. Les courtisanes aussi portaient le nœud de leur obi sur le devant, mais il était bien plus long que pour les autres femmes et ses pans pendaient largement sur le devant. Les hommes portaient toute une variété de obi en tissu appelés shigeko-obi, kaku-obi et heko-obi, considérés comme inconvenants pour les femmes. Nous verrons que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ils ont tous survécu mais ont un usage différent de nos jours.

photo d’une Oiran, courtisane du plus haut rang, au 19ème siècle, avec le obi noué sur le devant.

photo d’une Oiran, courtisane du plus haut rang, au 19ème siècle, avec le obi noué sur le devant.

source de l’image : http://entermeus.com/58736/

L'ère Meiji 明治時代 Meiji Jidai (1868-1912) et sa révolution industrielle, y compris dans le monde du textile, acheva de normaliser le port du kimono.


Les femmes cessèrent de porter le kimono de manière fluide, la nouvelle mode voulait que l’on replie le vêtement à la taille pour ajuster sa longueur à la taille de celle qui le porte. Ces rentrés et plis étaient visibles et sont devenus une partie intégrante de l'art de nouer l'obi. Il existe plus d’une dizaine de nœuds pour obi.


Regardons avec ces photos l’évolution dans l’habillement :

Femmes en kimono à la période d’Edo

Femmes en kimono à la période d’Edo

photo extraite du site 江戸時代 campus Edojidai campus

source de l’image : http://www.edojidai.info/

La série de photos que vous pourrez consulter ici vous montre que l’habillement restait fluide encore au début de l’ère Meiji

Jeune femme en kimono  à la fin de l'ère Meiji

Jeune femme en kimono à la fin de l’ère Meiji

Femme en kimono en 1930, soit  à la 5ème année de l’ère Showa

Femme en kimono en 1930, soit à la 5ème année de l’ère Showa



Petit à petit, au fil du temps, l’ensemble s’est rigidifié, et le obi est devenu assurément l’élément de parure suprême d’un kimono. Aujourd’hui, au quotidien, les Japonaises ne portent plus kimono et obi. Le déclin de l’industrie du kimono, sous l’influence de la culture occidentale et de sa mode vestimentaire, voit une baisse considérable du nombre d’obi produits chaque année. Les plus belles pièces représentent un travail artisanal considérable de très grand talent, et les meilleurs obis sont considérés comme des objets de collection. Les plus rares et les plus chers sont les maru obi 丸帯. Les maru obi anciens sont les plus précieux, la patine de leur fil d'or ressemble à celle d'une tapisserie antique. Les maru obi conçus de nos jours, bien que de véritables œuvres d’art, n'ont pas le lustre des maru obi d’autrefois.



Obi et Kimono, un tout pour nous traduire une impression


Obi et kimono, le mariage des deux sera scellé en vertu de l’occasion. Les plus formels sont ceux faits de brocart métallique ou de couleur et de broderies, puis viennent ceux faits de soie teinte, de soie tissée, mélangée à des matériaux d’autres matières. Le brocard, la broderie et l'obi de soie teinte sont utilisés pour les usages les plus formels et associés aux kimono les plus raffinés. Les obi confectionnés dans de la soie brute, du coton ou de la laine seront ceux du quotidien. Mais il existe tout un tas de nuances dans l’art d’associer kimono et obi, et il est bon de ne pas se concentrer uniquement sur l’un de deux éléments et sur les règles d’usage. Regardons ce que l’association d’un obi et d’un kimono essaie de nous traduire, quelle impression elle cherche à nous communiquer. Ce n’est pas facile, mais il s’agit là aussi de l’expression d’un art narratif. Et je suis encore vraiment loin d’avoir un œil aguerri, suffisamment éduqué et sensible!



Un haïku de 久女杉田 Hisajo SUGITA (1890-1946)

板の如き

帯にさされぬ

秋扇

ita no gotoki

obi ni sasarenu

aki ôgi

enfoncé dans l’obi trop serré et rigide un éventail d’automne

@TABITABIYA

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