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ENTRETIEN AVEC VALERIE EGUCHI, ARTISTE NIHONGA (1)

Tout a commencé par une amitié sur FB, vous savez comment ça se passe...Et puis, au fil du temps, je me suis vraiment prise au jeu de la page de Valérie Eguchi...Elle m'ouvrait sur un monde bien inconnu de moi malgré toutes ces années au Japon...Le monde du nihonga....Elle est devenue, depuis, ma référence en la matière, tout comme Serge Astieres pour le shin-hanga...


Valérie Eguchi artiste nihonga

1) Tout d'abord, est-ce que tu peux nous parler de ton parcours d'artiste ? Notamment, est-ce que tu as commencé par la peinture occidentale ?

Petite, étant admiratrice du talent de ma sœur, Catherine, j'avais commencé à vouloir dessiner comme elle. A l'adolescence, je m'intéressais aux surréalistes ; la visite de l'atelier d'un artiste dans ma région natale m'avait particulièrement impressionnée. Il peignait, sur de grande toiles, des arbres dont les ramures semblaient piéger des planètes. Aux beaux arts, j'aimais beaucoup le cours de graphisme donné par notre professeur Monsieur Auclair, c'était un homme qui savait transmettre sa passion ; il apportait des poissons et des algues dans la salle de cours pour nous donner des modèles à reproduire.

En cela il était très proche de l'enseignement dans les écoles d'art au Japon. Mon éducation ne valorisait pas l'idée de devenir artiste,et il fallait rapidement gagner sa vie. Jj'ai donc cherché un métier où je pourrai mettre en pratique mon goût pour le dessin et la peinture, et j'ai trouvé une formation dans le métier de peintre en décor. J'ai appris les faux bois, faux marbres, patines, trompe l'oeil . J'ai eu un patron Peintre décorateur (Devillechabrole) qui me faisait reproduire des tableaux de natures mortes avec la technique de la peinture à l'huile classique. J'ai exercé ce métier pendant une vingtaine d'années ensuite, à mon compte, pour des restaurants, grands hôtels et chez des particuliers. Puis je me suis mise à la peinture de tableaux quand j'ai eu mon premier enfant ; j'ai commencé par des portraits d'enfants. Cependant j'admirais des peintres comme Chardin et Balthus.


Valérie Eguchi artiste nihonga


2) Brièvement, le nihonga est présenté comme un mouvement de peinture né à l'époque Meiji et qui serait comme un retour aux sources vers les traditions de la peinture japonaise...Qu'as-tu envie d'ajouter à cette définition ?


Le nihonga, qui ne portait pas ce nom à l'époque, a été à l'origine importé de la Chine suivant la route de la soie vers le Japon, avec le bouddhisme, au milieu du septième siècle, Il s'est développé sous la forme pratiquée actuellement vers la fin du huitième siècle. Le terme nihonga a été inventé au 19ème siècle sous l'impulsion d'Okakura Tenshin et Ernest Fenollosa, en 1889, afin de distinguer ces œuvres des peintures de style occidental, ou yōga (画), qui étaient devenues à la mode, au Japon, et en quelque sorte « protéger » la peinture traditionnelle japonaise.

La description exacte et conforme aux origines est une peinture réalisée avec la technique telle qu'elle est enseignée au Japon : peinture réalisée avec des pigments iwa ou suihi enogu dont le médium est de la gélatine (nikawa). Mais la traduction du terme nihonga étant textuellement «peinture japonaise» cela peut prêter à interprétation, et des peintres notamment ainsi leurs œuvres réalisées « Dans le style japonais »avec des techniques qui ne sont pas conformes à la tradition (acrylique, huile, gouache etc).


Valérie Eguchi artiste nihonga


3) Peux-tu nous parler de ta rencontre avec le nihonga et ce qui ta séduite dans cette peinture ?

J'ai rencontré le nihonga à travers l'exposition des peintres Uemura Shoko et Uemura Atsushi (Père et fils). J'ai gardé le souvenir d'un émerveillement en découvrant le paon blanc de Uemura Shoko. C'est une peinture très sensuelle dont on peut sentir la matière grâce aux pigments minéraux. Après cette rencontre , je n'ai plus raté les expositions organisées à l'espace Mitsukoshi où étaient présentées les œuvres d'artistes reconnus en tant que « Trésors nationaux » (aujourd'hui cette galerie a fermé). J'ai cherché pendant quelques années des informations sur cet art, j'ai acheté un livre lors de ma venue au Japon en 2004. Trois ans après j'ai trouvé l' artiste Yiching Chen à l'époque installée à Tours qui s'est dit intéressée par enseigner dans mon atelier dans le cadre de l'association que j'avais créée avec mon mari, « Pigments et Arts du Monde ».



4) Quels sont les outils et matériaux que l'on utilise dans le nihonga et qui en font sa spécificité ?


La soie (eginu) et le papier sont les principaux supports utilisés pour le nihonga. Le bois, le lin, ou les murs sont plus rarement utilisés. Le papier japonais, ou washi, est fait à la main à partir d’écorce de kozo (mûrier), de mitsumata (edgeworrhia papyrifera) et de ganpi. Des panneaux de bois (plaques votives) appelés « ema », qui étaient offerts au temple ou aux lieux saints pendant la période Edo, sont un exemple de peinture sur bois utilisant le nihonga. Le pigments sont connus sous le nom de iwa enogu au Japon ; ils sont traditionnellement utilisés dans la peinture japonaise et classifiés en 2 sortes de pigments : les pigments naturels issus du broyage de pierres semi-précieuses et les pigments synthétiques, gosei iwa, qui sont produits en utilisant une méthode industrielle de vitrification. La taille et l’épaisseur de chaque particule de ces pigments iwa enogu est numérotée, du plus petit ou plus grand, de la couleur la plus claire à la plus foncée. Les plus fins sont nommés byaku. On applique les pigments avec un mélange à base de colle organique (nikawa) et d’eau. On utilise également des feuilles métallique d’or, d’argent, de cuivre et d’alliages. Les pinceaux sont en bambou et poils d'animaux (chèvre, belette, écureuil).



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